1917 : le premier char d'assaut français participait à un combat
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1917 : le premier char d'assaut français participait à un combat
Le char d'assaut français, nouvelle arme blindée motorisée montée sur chenilles, est utilisé pour la première fois lors de l'offensive lancée par le général Nivelle au Chemin des Dames. Il s'agit des modèles Schneider et Saint-Chamond de l'armée de Mazeel.
Lors de la première offensive, le 16 avril 1917, 128 chars Schneider, répartis en deux groupements, ont pour mission de percer le front sur sa partie orientale, entre Corbeny et Berry-au-Bac.
Le premier engagement de ces chars d'assaut sur un champ de bataille n'est pas une franche réussite.
S'ils ne s'embourbent pas rapidement ou ne tombent pas en panne, ils explosent sous le tir ennemi (trop vulnérables, leur réservoir n'étant pas protégé, ils sont des cibles faciles pour l'artillerie allemande. ).
Des cercueils montés sur chenilles : sur les 128 chars engagés ce jour-là lors de la bataille du chemin des Dames, 21 appareils sont immobilisés par panne (mécanique ou enlisement) et 57 sont détruits (1/3 par tir direct et 2/3 par tir indirect), entraînant la mort ou la disparition de 94 hommes d'équipage ; sans compter 109 blessés, parfois gravement.
Quelques mois auparavant, les Britanniques avaient déjà essuyé la même déconvenue avec leur premiers tanks.
Employés à nouveau au mois d'octobre, dans le secteur des carrières de Bohéry, ces chars nettoient les tranchée du Casse-Tête et de Leibnitz ainsi que le ravin de Vaudesson.
Le premier char tricolore, construit par les établissements Schneider, est un gros insecte pataud de 13,6 tonnes. Il abrite un équipage de 6 hommes.
Pas de tourelle. La puissance du moteur de 60 chevaux lui assure une vitesse de 3 km/h.
Son armement est composé d'un canon de 75 et de deux mitrailleuses Hotchkiss.
Sa lourde étrave conçue pour écarter les barbelés est son pire ennemi !
Il suffit que l'avant du char bascule dans une tranchée qu'il veut franchir pour que les chenilles arrière, ne touchant plus le sol, ne soient plus d'aucune utilité.
Voilà le monstre d'acier aussi inoffensif qu'une tortue retournée sur le dos.
La conception du char d'assaut naît dans le cerveau du colonel d'artillerie Estienne.
Il avait compris que sur un terrain défiguré par les tranchées et balayé par les mitrailleuses, il fallait trouver un remplaçant à la cavalerie.
« La victoire appartiendra à celui qui parviendra le premier à monter un canon sur une voiture capable de se mouvoir en tout terrain », déclare-t-il après la bataille de Charleroi (août 1914), en observant des tracteurs à chenilles en train de tirer des canons dans la boue.
Il parvient à en convaincre sa hiérarchie, qui passe une première commande à la société Schneider de 400 chars (le CA-1), puis une deuxième à la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt (FAMH) de 400 chars également (le Saint-Chamond).
Fiasco
L'état-major décide que le baptême du feu des chars Schneider aura lieu à l'occasion de l'offensive Nivelle (dite aussi la bataille du chemin des Dames), le 16 avril 1917. 128 chars Schneider sont chargés d'épauler l'infanterie à proximité de la commune de Berry-au-Bac, sur un terrain en légère pente. Soumis à un bombardement intensif depuis plusieurs jours, les Allemands ne devraient pas opposer une grande résistance. Estienne, qui commande les chars, prévoit de les envoyer avant les fantassins pour nettoyer les trois lignes défensives teutonnes.
L'offensive est lancée à 7 heures du matin. Cela ne se passe pas du tout comme prévu, la chevauchée fantastique des chars tourne à la bérézina. Déjà, les Allemands étaient au courant de l'offensive et s'étaient préparés en conséquence, faisant venir beaucoup d'artillerie. Ensuite, le terrain a été défoncé par le bombardement préparatoire. Enfin, les chars se montrent très difficilement manœuvrables. Plusieurs d'entre eux ne peuvent même pas rejoindre la ligne de départ de l'offensive, embourbés ou en panne. Les Schneider sont répartis en deux groupements. Celui du commandant Bossut rencontre aussitôt un terrain dantesque qui ralentit sa progression. Très vite, les premiers chars sont touchés et s'enflamment, d'autres s'embourbent. Il faut une heure pour prendre la première tranchée ennemie.
Des cibles faciles
Vers 11 heures, un obus frappe le char du commandant Bossut, qui explose car les réservoirs sont très mal protégés. Aucun survivant. Le corps sans vie de l'officier est éjecté. L'hécatombe se poursuit. Très lents, les Schneider sont des proies faciles pour les canonniers ennemis. Le char du capitaine Pardon s'embrase. Un survivant se souviendra : « Je vois le capitaine Pardon, ou plutôt je le reconnais à ses bottes quand il courait dans les flammes. On ne voyait que ça ! » Les parois métalliques peu blindées ne résistent pas aux balles. Les chars s'empilent les uns derrière, les autres, forment un embouteillage pour le plus grand bonheur des Allemands. Finalement, le manque de carburant oblige à sonner la retraite.
Le deuxième groupement de chars, placé sous le commandement de l'officier Chaudès, ne connaît pas meilleur sort. Dès le départ, des chars ne parviennent même pas à franchir les premiers obstacles. Un immense embouteillage se forme, attirant les Allemands, qui tirent comme à la fête foraine. Quatre chars s'enflamment, brûlant leurs malheureux occupants. Les autres équipages abandonnent leurs cercueils d'acier pour se battre comme des fantassins. Au fil de la journée, les chars survivants se replient.
Les Français persistent !
Cette journée s'achève par une totale défaite des chars français. Faut-il y renoncer ? C'est là où cette première défaite se transforme en victoire. En effet, les Allemands, savourant leur triomphe, en concluent que les chars n'ont aucun avenir puisqu'ils peuvent être dégommés facilement avec une bonne artillerie. Ils mépriseront donc cette nouvelle arme. En revanche, les alliés ne renoncent pas, même si les chars Saint-Chamond engagés les jours suivants apportent les mêmes désillusions.
Soutenu par l'état-major, le colonel Estienne commande à Renault un char bien plus léger et manœuvrable. C'est le Renault FT, fabriqué à 3 700 exemplaires. Les ingénieurs ont tiré tous les enseignements de l'échec précédent. Il ne pèse que 6,7 tonnes avec deux hommes d'équipage. L'armement est monté dans une tourelle tournante sur 360 °. Les chenilles dépassent à l'avant pour redresser le char tombé dans une tranchée. Les chars Renault seront engagés pour la première fois le 31 mai 1918 pendant la troisième bataille de l'Aisne. Leur succès les conduira à équiper toutes les armées du monde.
Vidéo :Lors de la première offensive, le 16 avril 1917, 128 chars Schneider, répartis en deux groupements, ont pour mission de percer le front sur sa partie orientale, entre Corbeny et Berry-au-Bac.
Le premier engagement de ces chars d'assaut sur un champ de bataille n'est pas une franche réussite.
S'ils ne s'embourbent pas rapidement ou ne tombent pas en panne, ils explosent sous le tir ennemi (trop vulnérables, leur réservoir n'étant pas protégé, ils sont des cibles faciles pour l'artillerie allemande. ).
Des cercueils montés sur chenilles : sur les 128 chars engagés ce jour-là lors de la bataille du chemin des Dames, 21 appareils sont immobilisés par panne (mécanique ou enlisement) et 57 sont détruits (1/3 par tir direct et 2/3 par tir indirect), entraînant la mort ou la disparition de 94 hommes d'équipage ; sans compter 109 blessés, parfois gravement.
Quelques mois auparavant, les Britanniques avaient déjà essuyé la même déconvenue avec leur premiers tanks.
Employés à nouveau au mois d'octobre, dans le secteur des carrières de Bohéry, ces chars nettoient les tranchée du Casse-Tête et de Leibnitz ainsi que le ravin de Vaudesson.
Le premier char tricolore, construit par les établissements Schneider, est un gros insecte pataud de 13,6 tonnes. Il abrite un équipage de 6 hommes.
Pas de tourelle. La puissance du moteur de 60 chevaux lui assure une vitesse de 3 km/h.
Son armement est composé d'un canon de 75 et de deux mitrailleuses Hotchkiss.
Sa lourde étrave conçue pour écarter les barbelés est son pire ennemi !
Il suffit que l'avant du char bascule dans une tranchée qu'il veut franchir pour que les chenilles arrière, ne touchant plus le sol, ne soient plus d'aucune utilité.
Voilà le monstre d'acier aussi inoffensif qu'une tortue retournée sur le dos.
La conception du char d'assaut naît dans le cerveau du colonel d'artillerie Estienne.
Il avait compris que sur un terrain défiguré par les tranchées et balayé par les mitrailleuses, il fallait trouver un remplaçant à la cavalerie.
« La victoire appartiendra à celui qui parviendra le premier à monter un canon sur une voiture capable de se mouvoir en tout terrain », déclare-t-il après la bataille de Charleroi (août 1914), en observant des tracteurs à chenilles en train de tirer des canons dans la boue.
Il parvient à en convaincre sa hiérarchie, qui passe une première commande à la société Schneider de 400 chars (le CA-1), puis une deuxième à la Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homécourt (FAMH) de 400 chars également (le Saint-Chamond).
Fiasco
L'état-major décide que le baptême du feu des chars Schneider aura lieu à l'occasion de l'offensive Nivelle (dite aussi la bataille du chemin des Dames), le 16 avril 1917. 128 chars Schneider sont chargés d'épauler l'infanterie à proximité de la commune de Berry-au-Bac, sur un terrain en légère pente. Soumis à un bombardement intensif depuis plusieurs jours, les Allemands ne devraient pas opposer une grande résistance. Estienne, qui commande les chars, prévoit de les envoyer avant les fantassins pour nettoyer les trois lignes défensives teutonnes.
L'offensive est lancée à 7 heures du matin. Cela ne se passe pas du tout comme prévu, la chevauchée fantastique des chars tourne à la bérézina. Déjà, les Allemands étaient au courant de l'offensive et s'étaient préparés en conséquence, faisant venir beaucoup d'artillerie. Ensuite, le terrain a été défoncé par le bombardement préparatoire. Enfin, les chars se montrent très difficilement manœuvrables. Plusieurs d'entre eux ne peuvent même pas rejoindre la ligne de départ de l'offensive, embourbés ou en panne. Les Schneider sont répartis en deux groupements. Celui du commandant Bossut rencontre aussitôt un terrain dantesque qui ralentit sa progression. Très vite, les premiers chars sont touchés et s'enflamment, d'autres s'embourbent. Il faut une heure pour prendre la première tranchée ennemie.
Des cibles faciles
Vers 11 heures, un obus frappe le char du commandant Bossut, qui explose car les réservoirs sont très mal protégés. Aucun survivant. Le corps sans vie de l'officier est éjecté. L'hécatombe se poursuit. Très lents, les Schneider sont des proies faciles pour les canonniers ennemis. Le char du capitaine Pardon s'embrase. Un survivant se souviendra : « Je vois le capitaine Pardon, ou plutôt je le reconnais à ses bottes quand il courait dans les flammes. On ne voyait que ça ! » Les parois métalliques peu blindées ne résistent pas aux balles. Les chars s'empilent les uns derrière, les autres, forment un embouteillage pour le plus grand bonheur des Allemands. Finalement, le manque de carburant oblige à sonner la retraite.
Le deuxième groupement de chars, placé sous le commandement de l'officier Chaudès, ne connaît pas meilleur sort. Dès le départ, des chars ne parviennent même pas à franchir les premiers obstacles. Un immense embouteillage se forme, attirant les Allemands, qui tirent comme à la fête foraine. Quatre chars s'enflamment, brûlant leurs malheureux occupants. Les autres équipages abandonnent leurs cercueils d'acier pour se battre comme des fantassins. Au fil de la journée, les chars survivants se replient.
Les Français persistent !
Cette journée s'achève par une totale défaite des chars français. Faut-il y renoncer ? C'est là où cette première défaite se transforme en victoire. En effet, les Allemands, savourant leur triomphe, en concluent que les chars n'ont aucun avenir puisqu'ils peuvent être dégommés facilement avec une bonne artillerie. Ils mépriseront donc cette nouvelle arme. En revanche, les alliés ne renoncent pas, même si les chars Saint-Chamond engagés les jours suivants apportent les mêmes désillusions.
Soutenu par l'état-major, le colonel Estienne commande à Renault un char bien plus léger et manœuvrable. C'est le Renault FT, fabriqué à 3 700 exemplaires. Les ingénieurs ont tiré tous les enseignements de l'échec précédent. Il ne pèse que 6,7 tonnes avec deux hommes d'équipage. L'armement est monté dans une tourelle tournante sur 360 °. Les chenilles dépassent à l'avant pour redresser le char tombé dans une tranchée. Les chars Renault seront engagés pour la première fois le 31 mai 1918 pendant la troisième bataille de l'Aisne. Leur succès les conduira à équiper toutes les armées du monde.
https://www.dailymotion.com/video/x5i8xxd
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MARCUS-VERUS- Maréchal Des Logis Chef
- Messages : 1568
Date d'inscription : 21/04/2017
Re: 1917 : le premier char d'assaut français participait à un combat
Ça me rappelle cette vidéo :
Arverne- Lieutenant
- Messages : 1852
Date d'inscription : 01/08/2014
EED2
Re: 1917 : le premier char d'assaut français participait à un combat
Merci messieurs !
crazychtimi- Visiteur
- Messages : 127
Date d'inscription : 20/04/2018
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